Le Sud, suite et fin.
Jeudi 26 septembre
La route traverse une vaste étendue de lave recouverte d’un tapis de mousse épais par endroits de 40 cm. La mousse, blanchâtre lorsqu’elle est desséchée, prend une teinte verte lorsqu’elle est humide.
Le canyon de Fjaðrárgljúfur, un incontournable, s’étend sur 1 500 mètres. Le paysage y est impressionnant, et les couleurs surprenantes.
Nous arrivons au village de Kirkjubæjarklaustur, au nom difficilement prononçable, d’où part une randonnée vers le « Kirkjugólf », ou « pavé d’église », un ensemble de colonnes de basalte aux formes régulières.
Vendredi 27 septembre
À Kirkjubæjarklaustur, une éruption volcanique linéaire dévastatrice du Lakagígar a duré huit mois, de 1783 à 1784. Cette catastrophe a touché non seulement l’Islande, mais aussi l’Europe. Elle pourrait même avoir contribué à la Révolution française. En effet, la quantité de cendres projetées dans l’atmosphère a modifié le climat pendant plusieurs années, entraînant de mauvaises récoltes, des famines et des maladies.
C’est sous la pluie que nous reprenons la route, les paysages devenant différents, mais toujours aussi magnifiques. Dans un premier temps, la route serpente entre des champs de lave verdoyants. Phénomène étonnant, les mousses qui recouvrent les champs de lave du désert Eldhraun, hier blanches, sont devenues presque instantanément vertes grâce à la pluie.
Au bord de la route, la cascade de Foss á Síðu tombe de 30 mètres sur une falaise de basalte.
La route traverse un désert de cendres et de sable, nous approchons des langues glaciaires qui descendent du glacier Vatnajökull, le plus grand d’Europe et le troisième du monde. Il représente un douzième de la surface de l’Islande.
Nous nous installons au camping du parc national de Skaftafell.
Samedi 28 septembre
La pluie perturbe le début de la journée. Cependant, une accalmie permet à Bernard de partir courageusement, mais seul, pour la belle randonnée des Cascades. Elle commence par Hundafoss, puis par la chute de Statifoss, entourée de colonnes de basalte noir, d’où son nom de « cascade noire ». Le belvédère de Sjónarnípa offre une vue sur les montagnes environnantes, dont les sommets sont enneigés, bien que cachés aujourd’hui par la brume. La randonnée se termine à la ferme de Sel, une bâtisse en tourbe datant de 1920.
Nous reprenons ensuite la route jusqu’à la spectaculaire langue glaciaire Svínafellsjökull, accessible après une courte randonnée.
La visibilité est quasi nulle, il pleut, il neige, il fait 1° nous sommes bien en Islande.
Sur notre parcours, nous devinons plusieurs langues glaciaires. Nous faisons une halte au lac glaciaire de Jökulsárlón, où nous observons de nombreux petits icebergs ainsi que des phoques. Ce lac est relié à l’océan par un chenal.
Nous poursuivons notre route jusqu’au camping de Höfn, entouré de langues glaciaires, bien qu’invisibles à cause du mauvais temps.
Dimanche 29 septembre
Nous ne sommes pas pressés de quitter le camping tant il pleut, et le paysage est complètement bouché. Ce sera donc une journée de transition jusqu’au camping de Fossardalur.
Lundi 30 septembre
La magie de l’Islande, c’est l’enfer avec un temps épouvantable : pluie, vent, neige… puis, le lendemain, c’est le paradis avec soleil et ciel bleu. Ce matin, il fait 3°. Les paysages sont devenus féeriques, le vent violent de cette nuit a chassé les nuages.
Et soudain, sur notre parcours, une surprise inespérée, un renne sauvage, puis un deuxième, paissant tranquillement non loin de la route.
Nous prenons notre temps pour absorber, encore un peu, ces images magnifiques, comme ces montagnes élancées vers le ciel, dominant un océan apaisé.
Insolite, cette église luthérienne désaffectée, transformée en guest house avec de jolis rideaux de dentelle.
Nous nous installons au camping de Reydarfjörður.
Mardi 1er octobre
Aujourd’hui, le ciel est un peu moins bleu et le soleil boude.
Nous allons « boucler la boucle » de notre tour de l’Islande en rejoignant le petit port d’embarquement de Seydisfjordur. Encore un joli parcours, tout d’abord, ce sont des paysages d’automne, puis arrivé au col, c’est une autre saison, la neige a tout recouvert. Nous comprenons mieux pourquoi les Islandais sont passés en mode hiver en chaussant leur voiture de pneus cloutés.
Mercredi 2 Octobre
Dernière petite balade dans la montagne au-dessus du village pour découvrir la surprenante sculpture de cinq dômes en béton de Tvisongur. Le plus petit fait 2 mètres de haut, le plus haut de 4 mètres. Chaque dôme a sa propre résonance qui correspond à un ton dans la tradition musicale islandaise. Belle vue plongeante sur le fjord et port.
Ce soir, nous allons quitter Seydisfjordur, laissant dernière nous l’Islande, ce pays captivant où les paysages sont en perpétuels changements. Marcher en Islande, c’est s’imprégner de la grandeur de la nature. Un regret, c’est celui d’être venus après le départ des oiseaux migrateurs, qui cette année sont partis avec au moins deux semaines d’avance, suite à un mauvais été.
Des aménagements facilitent l’accès aux sites touristiques, il faut dire que le tourisme représente 25% du PIB de l’Islande. Ce doit être le pays où le tourisme est le plus cosmopolite au monde, les asiatiques sont de très loin les plus nombreux.
Notre rencontre avec un couple de pêcheurs à Patreksfjordur, dont les grands-parents ont traversé l’épopée du «siècle des voiliers » nous fait découvrir les liens très forts qui unissent les pêcheurs islandais aux pêcheurs bretons. Cette époque dura du début du XIXème siècle et s’acheva aux environs de 1935. Il reste de nombreuses empreintes comme à Faskrudsfjordur où se trouve un musée et qui a conservé encore aujourd’hui les noms des rues en islandais et en français. Sur tout le pourtour de l’île se trouvent des bâtiments français construits datant de cette époque.
En conclusion, il est difficile de cacher que nous sommes tombés amoureux de ce petit pays qui ne fait qu’un cinquième de la France, de ses habitants et de son histoire.