L’Île de Vagar – Féroé.
Dimanche 18 août
Dans la nuit, le ferry commence à être sérieusement secoué… Il faudra s’y faire, ce sera ainsi toute la journée, le buffet ce dimanche soir n’a pas le même succès que la veille.
Bernard n’a pas été dérangé par le mal de mer, ce qui n’a pas été mon cas.
Comme prévu, nous débarquons à 22h30 sur l’ile de Stremoy et nous installons au camping de Tórshavn, d’où l’on a une vue sur l’ile de Nolsoy.
Les îles Féroé sont un archipel de 18 îles de roches basaltiques très anciennes perdu dans l’Atlantique nord à mi-chemin entre l’Islande et la Norvège. Elles sont reliées entre elles soit par des ponts, des tunnels ou des bateaux. Les Vikings furent les premiers à poser le pied aux Féroé, aux alentours du IXème siècle. Ils se sont installés dans les îles Féroé, après avoir quitté la Norvège pour commencer une nouvelle vie et emmenant avec eux des femmes d’Irlande et d‘Écosse en cours de route. Cependant, des fouilles récentes ont permis de démontrer la présence d’humains 300 à 500 ans plus tôt, même si l’identité de ces pionniers demeure incertaine.
Puis, le territoire fut possession de la Norvège au XIème siècle, du Danemark et de la Norvège au XIVème siècle, et enfin du seul Danemark en 1814. Des occupations qui n’ont fait qu’aviver les envies d’indépendance des Féroïens, qui finirent par obtenir partiellement gain de cause : en 1948, l’archipel devint une province autonome du royaume du Danemark, tout comme le Groenland.
En tant que nation autonome, les îles Féroé ont leur propre gouvernement, leur propre monnaie, leur propre drapeau et font partie du Royaume du Danemark avec leur propre langue, le féroïen. Cette langue officielle est un dialecte dérivé des colons nordiques arrivés à l’époque viking. Le Danemark fournit aux îles Féroé une aide militaire et financière, mais les îles prennent leurs propres décisions.
Les Féroé ont eu peu de terres cultivables et ont dû compter sur l’exploitation de la mer en chassant les baleines et les oiseaux de mer pendant des générations pour être autosuffisants dans un endroit aussi éloigné. Les habitants s’adonnent à la tradition séculaire du séchage du poisson à l’air libre et on trouve des fruits de mer en abondance.
Lundi 19 août
Une petite pluie fine, bien pénétrante s’est installée sur une grande partie des Féroé. Nous apprécions le confort de notre camping-car et n’envions pas les nombreux campeurs sous tente autour de nous. On s’attendait à un climat plus froid, en raison de la latitude septentrionale, mais le Gulf Stream traverse l’océan Atlantique, influence les îles et adoucit le climat.
Nous partons à pied au ravitaillement dans une des grandes surfaces du pays Bonus et l’après-midi visite de Tórshavn, capitale des Féroé.
Le vieux Torshavn est composé d’une vingtaine de maisons en bois enduites de goudron et coiffés d’herbe grasse. Les plus anciennes ont été construites au XIVème siècle. Toujours sous la pluie, nous nous promenons dans le dédale de ruelles étroites et arrivons à la pointe de Tingales où siège depuis douze siècles le Parlement féringien. Le gouvernement y occupe toujours de grands bâtiments en bois rouge aux toits d’herbe, bâtis sur une pointe rocheuse séparant le port commercial à l’est du port de plaisance, qui lui est à l’ouest.
Le Løgting, le Parlement, pas imposant, juste une petite maison blanche, à peine assez grande pour accueillir la salle de vote des trente-trois députés.
Le Merkið, le drapeau local, un rectangle blanc floqué d’une croix rouge lisérée de bleu. Celui du Danemark, lui, est composé d’une croix blanche sur fond rouge. Une manière, sans doute, de signifier que l’appartenance des îles Féroé à la couronne danoise n’est jamais que symbolique et, peut-être pas éternelle.
La cathédrale (Havnar kirkja), jolie église tout en bois de 1788-1865 avec sa voûte en coque de bateau renversée, peinte en bleu et semée d’étoiles d’or. Jolis ex-voto de bateaux.
Le vieux fort de Skansin de 1580, occupé par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale pour éviter que les Allemands ne s’emparent de l’archipel.
Mardi 20 août
Malgré le temps toujours aussi maussade nous partons à la découverte de l’ile de Vagar. Nous prenons la route des renoncules, touristique et pittoresque, signalée par un panneau montrant une fleur jaune sur fond vert.
Le paysage se découvre parfois et nous montre un peu de ses trésors comme tous ces torrents qui dévalent la montagne et forment des cascades tout le long de notre parcours, jusqu’au village de Sandavagur. Des petites maisons en bois, aux toits en herbe et aux belles nuances de couleurs rouge sont éparpillées sur les collines.
Cette nature époustouflante est peuplée de moutons. On pense d’ailleurs que le nom des îles Føroyar dérive du sens « îles aux moutons ». Ils ont été introduits au IXème siècle, et se déplacent librement.
Pour rejoindre l’ile de Vagar nous empruntons un tunnel de 5 km. Pendant les quelques centaines de mètres où nous sommes sous l’océan, un éclairage, mélange de bleu et vert, suggère le fond de la mer. C’est très beau et surprenant.
Le petit village de Sandavagur possède une pierre runique du XIIIème siècle, découverte en 1917, elle porte une inscription indiquant que le Viking norvégien Torkil Onundarson de Rogaland fut le premier colon de la région. La pierre peut être vue dans l’église de Sandavágur. L’église pittoresque du village se remarque par son toit rouge.
Les pierres runiques sont des symboles anciens utilisés dans les alphabets runiques, comme ceux des Vikings. Chaque rune a une signification particulière, et elles étaient souvent utilisées à des fins divinatoires, magiques, ou comme talismans.
À côté de l’église, une grande statue en bronze et en pierre du berger de Sondum (Seyðamaðurin av Sondum) et de la femme
Nous partons pour une petite randonnée pour voir le « doigt de sorcière » ou Trollkonufingur. Nous rentrons un peu frustré de ne rien avoir vu de ce paysage qui aurait dû être grandiose.
Nous nous installons dans le camping Giljanes où nous restons deux nuits.
Nous partons pour Miðvágur, un village point de départ du sentier menant au célèbre « lac flottant ». En effet, il crée une illusion d’optique depuis l’extrémité du lac vers le bord de mer.
Finalement, l’horizon est tellement bouché que nous renonçons à faire cette rando, de plus le montant demandé est exorbitant et nous craignons de ne pas en profiter comme on peut l’imaginer. Le lac Sørvágsvatn, également connu sous le nom de Leitisvatn, est le plus grand lac des îles Féroé. Il est célèbre pour une illusion d’optique qui donne l’impression que le lac est suspendu au-dessus de l’océan, alors qu’il se trouve en réalité à environ 30 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le lac s’étend sur 6 km² et est entouré de paysages spectaculaires, avec des falaises abruptes qui plongent dans l’océan Atlantique. Depuis la falaise de Trælanípa, on peut admirer une vue panoramique époustouflante sur le lac et l’océan. Le contraste entre le bleu profond du lac et les vertes collines environnantes, souvent enveloppées de brume, ajoute une atmosphère mystérieuse et magique au site. Le lac se termine par la petite cascade de Bøsdalafossur, qui se jette directement dans l’océan Atlantique, renforçant l’impression d’un lac en suspension.
Rando : sur la route des cascades : 3 km – + 85 m – Rando au doigt de la sorcière : 4,5 km – + 130 m – Rando jusqu’au départ de la rando au lac : 7 km +150 m
Mercredi 21 août
Notre parcours en camping-car pour nous rendre au village Bour est particulièrement beau : un temps relativement dégagé, il ne pleut pas et il n’y a pas de vent.
En 2005, Bøur comptait 70 habitants, ce joli village aux maisons aux toits d’herbe est dans un site magnifique et abrite une église construite en 1865.
Bøur est déjà mentionné par des textes de 1350, mais le village est probablement plus vieux encore. On sait aussi que le village possédait une église en 1710.
Il y a encore quelques années, la route s’arrêtait au village de Bour. La quinzaine d’habitants de Gásadalur devait franchir la montagne à pied, par le sentier du facteur, pour rejoindre leurs chaumières. Autrefois Gasadalur était connu comme le village le plus isolé d’Europe. Depuis 2006, une route et un tunnel ont été construit. Au sortir du tunnel un panorama incroyable se découvre et on aperçoit le panache blanc de la chute de Múlafossur. Un sentier permet de s’en approcher et de la voir se jeter de la falaise dans l’océan. De là, on a une vue sur le pittoresque village au bord de l’océan.
Le temps s’annonçant clément nous partons donc pour la randonnée du facteur, parfois exposée, entre Bour et Gasadalur par un sentier côtier aux pentes herbeuses escarpées. Ce n’est pas facile, c’est pentu et glissant mais tellement beau, nous sommes au cœur des paysages féroïens avec des vues fantastiques plongeantes et angoissantes sur l’Atlantique. Vue sur les îles Tindhólmur et Gáshólmur, une grande arche de pierre érodée par les vents fait face à un impressionnant pic rocheux Tindhólmur sortant des flots dont la plus haute des 5 pointes s’élève à plus de 260 mètres.
Arrivés au col A Skardi à 435 m d’altitude, le vent se lève brusquement et une pluie cinglante s’abat sur nous. Nous faisons demi-tour appréhendant la descente glissante.
Nous arrivons au camping-car trempés, frigorifiés mais contents de la première partie de cette belle rando. La descente nous a demandé une grande prudence et concentration sur cette pente herbeuse, parfois boueuse et très glissante.